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Remote cultural heirs of the Lotus-Eaters on the Tunisian shores
: today islamized Berbers.
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De simples
calculs montrent qu'avec un vent soufflant continûment de nord-est,
des navires comme ceux d'Ulysse sont capables de faire, à quatre
nœuds de moyenne en longue traite, des trajets d'une centaine de milles
par journée. D'un point situé au voisinage de Cythère,
de tels navires peuvent donc toucher terre sur la longue bande de côte
comprise entre la Libye et la Tunisie actuelles en un point gisant plus
ou moins à l'ouest selon que le vent souffle plutôt du nord
ou plutôt de l'est. De cette côte, les Instructions Nautiques
signalent qu'elle s'étendent sur près de 1 000 milles. On
ne trouve nulle part au monde, remarquent les ingnieurs hydrographes, une
telle longueur de côtes aussi dépourvues de points remarquables
ou d'accident de terrain pouvant servir de repère au navigateur.
A l'exception des environs de Tripoli, qui sont fertiles et cultivés,
la plus grande partie de ce territoire n'est qu'un vaste et improductif
désert : la côte est basse partout, sauf en certaines parties
où se montrent quelques collines. De l'Odyssée elle-même
on ne peut tirer aucune indication qui autorise à situer le point
de débarquement des héros de l'épopée.
Sous le texte d'Homère, toute une imagination géographique
est en réalité au travail. Elle mobilise, pour ces Mers du
Nouveau Monde, des bribes de connaissances empiriques, des recettes de pilotage,
des récits de voyage, des fictions mythologiques, qui signalent les
escales d'une véritable route nautique méridionale conduisant
de Cythère et de Crète jusqu'en Libye, Tunisie et Sicile.
Aux gens de mer qui écoutent les rhapsodes chanter, le poète
enseigne, par la fiction, ce qui peut leur advenir s'ils se lancent dans
lces mers lointaines qui s'étendent bien au-delà des bouches
du Nil dans la direction du Soleil Couchant. Princes ou pirates, ces marins
apprennent du poème qu'en débarquant quelque part dans un
pays occidental sans nom, Ulysse et ses compagnons ont cessé de se
conduire en guerriers comme ils avaient agi avec les Kikones. Des lieux
où ils se sont trouvés et des êtres qui les hantaient,
ces héros ignoraient tout. Mais voici ces guerriers avides de butin,
eux modèles de toutes les prouesses, qui se comportent maintenant
tout autrement : en découvreurs. Et l'auditoire du rhapsode d'apprendre
que sur ce rivage des Syrtes, tel qu'on le nommera plus tard, vivent des
populations pacifiques, sans organisation politique et sans ressources,
qui se nourrissent d'une plante aux propriétés dangereusement
émollientes, voire narcotiques. Là, il n'y a rien à
piller, rien à échanger, ni or ni ivoire, ni minerai, ni bois
précieux. Dans ces conditions, il n'y a pas lieu, pour des navires
en expédition, de stationner, sinon pour s'approvisionner en eau
douce. Plutôt suivre l'exemple d'Ulysse, qui, sans aucun délai,
fit rembarquer ses éclaireurs et son héraut!.
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