LES
NAVIGATIONS D'ULYSSE |
L'EXPÉDITION DE 2000 : | |
(to english text click here) | Vers le Nouveau Monde | |
|
Emporté par la tempête bien au-delà du Cap Malée, Ulysse et son escadre abordent enfin sur une terre inconnue, au pays des Mangeurs de Lotus. |
Sous le texte d'Homère, toute une imagination géographique est en réalité au travail. Elle mobilise, pour ces Mers du Nouveau Monde, des bribes de connaissances empiriques, des recettes de pilotage, des récits de voyage, des fictions mythologiques, qui signalent les escales d'une véritable route nautique méridionale conduisant de Cythère et de Crète jusqu'en Libye, Tunisie et Sicile. Aux gens de mer qui écoutent les rhapsodes chanter, le poète enseigne, par la fiction, ce qui peut leur advenir s'ils se lancent dans lces mers lointaines qui s'étendent bien au-delà des bouches du Nil dans la direction du Soleil Couchant. Princes ou pirates, ces marins apprennent du poème qu'en débarquant quelque part dans un pays occidental sans nom, Ulysse et ses compagnons ont cessé de se conduire en guerriers comme ils avaient agi avec les Kikones. Des lieux où ils se sont trouvés et des êtres qui les hantaient, ces héros ignoraient tout. Mais voici ces guerriers avides de butin, eux modèles de toutes les prouesses, qui se comportent maintenant tout autrement : en découvreurs. Et l'auditoire du rhapsode d'apprendre que sur ce rivage des Syrtes, tel qu'on le nommera plus tard, vivent des populations pacifiques, sans organisation politique et sans ressources, qui se nourrissent d'une plante aux propriétés dangereusement émollientes, voire narcotiques. Là, il n'y a rien à piller, rien à échanger, ni or ni ivoire, ni minerai, ni bois précieux. Dans ces conditions, il n'y a pas lieu, pour des navires en expédition, de stationner, sinon pour s'approvisionner en eau douce. Plutôt suivre l'exemple d'Ulysse, qui, sans aucun délai, fit rembarquer ses éclaireurs et son héraut!. |
||||||
Jean Cuisenier, Le Périple d’Ulysse, pp.205-212 | ||||||