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Grottes
à l'ilôt Marathonissi, Zanthe.
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Il faut aussi
noter, et c'est ma seconde considération, que les figures mythologiques
récurrentes dans les poèmes homériques sont à
prendre au sens précis qu'elles avaient pour les destinataires de
ces pièces chantées et jouées par des acteurs en représentation,
pour des auditeurs qui en connaissaient le contenu et savaient apprécier
la qualité des performances. L'intervention d'une nymphe comme Calypso,
pour un navigateur, c'est aussi l'annonce d'une figure accueillante, une
manière allusive de signifier une étape possible sur une route
nautique, le nom donné à une source, des indications sur le
culte qu'il convient de lui rendre, des informations, aussi, sur l'abondance
ou non des ressources en eau potable qu'il peut trouver en un point déterminé.
La mention d'un antre, d'une caverne ou d'une grotte sous un nom, comme
celle du Cyclope ou celle des Nymphes à Ithaque, c'est aussi, pour
l'équipage d'un navire marchand, d' un navire de pirates ou de guerriers,
une information précieuse sur un lieu propre à y déposer
une cargaison de marchandises, une troupe d'esclaves ou un butin de guerre.
Tout site désigné du nom d'une figure mythologique est de
ce fait même un site marqué, auquel une histoire est attachée
qui en fixe les caractéristiques et en facilite la remémoration.
Le nom appelle le sens. Il préfigure un environnement de facilités
ou de dangers, de calme ou de menaces. Il signale un climat de sentiments
et d'émotions, de plaisirs et de craintes annoncés.
C'est dans cette perspective générale que je propose d'interpréter
les passages du poème relatifs à la navigation, aux routes
nautiques et aux escales, en les confrontant aussi, toujours, à la
connaissance des lieux et à l'expérience nautique des marins
d'aujourd'hui.  |