 |
 |
Un
vieil homme, N., cultive des plants de mandragore,à usage
de charme, Sirbi, Roumanie.
|
|
Il y a manifestement
là, dans cette pièce et dans celles qui lui sont apparentées, tout un
travail de la pensée qui s'interroge sur les pratiques, les techniques
et les usages sociaux relatifs à la forêt, qui s'exerce à les fonder en
raison et à leur donner une légitimité (...) : jusqu'où peut-on aller
dans la cueillette et l'usage des plantes sauvages, et à quels risques?
Peut-on les transplanter et les mettre dans son propre jardin, attachées
à sa maison, comme je l'ai vu expérimenter par un vieil homme à Sîrbi,
en 1991, pour des pieds de mandragore? Ne vaut-il pas mieux enserrer la
forêt de liens multiples, de bornes et de fossés pour l'entretenir et
l'exploiter? La nature de celle-ci n'a-t-elle point, cependant, des ressources
si grandes qu'elle parviendra toujours à se libérer de tels liens et à
revenir à sa condition sauvage? Ainsi la pensée va-t-elle de conte en
conte, explorant une à une les possibilités qu'elle aperçoit, ouvrant
ici une voie et en fermant là une autre. Et toujours l'interrogation joint
le questionnement sur l'usage de la forêt au questionnement sur l'usage
de la sexualité, comme si les forces tempétueuses du désir étaient du
même ordre que les forces monstrueuses de la terre. A travers les traits
de la Fille de la Forêt, une figure mythologique préhistorique se profile,
Cybèle. La fonction en perdure dans l'imaginaire contemporain pour une
simple et forte raison : l'angoisse devant la destruction des forêts
et plus généralement des espaces sauvages (Voir dans le même ouvrage pp.197-211).

|