L'EUROPE COMME CULTURE |
LA PARENTÉ ET L'ORGANISATION SOCIALE : | |
(to english text click here) | Les termes roumains de la parenté | |
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Les termes de base de la nomenclature roumaine de la parenté sont fournis par le latin. Mais à la différence d'autres langues romanes, le roumain manifeste une forte propension à exprimer les catégories de parenté par des termes élémentaires . |
Par la langue, la culture roumaine donne forme à "un système de catégories qui caractérise avec plus de force et de précision les relations d'alliance que les relations de collatéralité, et les relations de collatéralité, à leur tour, que les relations de filiation, système très différent, en réalité, de celui, clairement patrilinéaire, qui prévalait à Rome au temps de Trajan et des guerres daciques. Comme s'il importait de qualifier plus exactement les rapports entre alliés par mariage que les rapports entre cousins. Comme s'il fallait marquer plus fortement les rapports entre l'oncle et le neveu que les rapports entre le grand-père et le petit-fils. Comme si dans la ligne d'ascendance il suffisait de se rattacher aux aïeux, sans avoir besoin de décider si l'on se rattache à ceux-là par le père ou par la mère. Faut-il voir en un pareil système la trace conservée d'un état de la société dépassé, et rien d'autre, comme le voudraient les idéologues du régime communiste au temps de sa prédominance (...)? Faut-il plutôt le comprendre (...) comme l'un de ces systèmes originaux qui dans toute l'Europe centrale et nordique aurait toujours résisté à l'imposition par Rome et par l'Eglise de la patrilinéarité jointe à une trop contraignante exogamie? N'y a-t-il pas, surtout, de bien fortes raisons dans l'état contemporain de la société roumaine, pour qu'une pareille catégorisation fonctionne avec stabilité, alors que les institutions ne cessent apparemment de changer?. |
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J.C.: Le Feu Vivant, la parenté et ses rituels dans les Carpates, Paris, PUF, 1994, p. 204 | ||