Habitation de boyard abandonnée pendant le régime communiste. Dobritsa, Roumanie.

La dotation d'établissement est le résultat, pour la fille comme pour le garçon, de la négociation matrimoniale (...). Négociation signifiante, car sa conclusion annonce toujours, à la collectivité locale tout entière, que l'équilibre actuel des relations entre familles est rompu, puisque l'effet de la dotation est de redistribuer des biens patrimoniaux comme on redistribue des cartes lors d'une partie d'un jeu à somme nulle. Aussi porte-t-on une grande attention, du côté des preneurs comme du côté des donneurs, à la désignation précise et à la quantification exacte des biens entrant dans le système d'échange. On y veille avec un soin d'autant plus grand que les arrangements matrimoniaux conclus avant le régime communiste pouvaient avoir des enjeux considérables puisque les biens patrimoniaux détenus d'un côté comme de l'autre pouvaient consister en domaines entiers s'agissant de familles de boyards (...), en terres de dizaines d'hectares et en troupeaux de centaines de têtes de bétail s'agissant de paysans aisés (...). Pour les mariages postérieurs à 1950, les biens patrimoniaux mis en circulation lors des arrangements matrimoniaux sont beaucoup moins importants en raison de la collectivisation des villages voisins avec lesquels se faisaient traditionnellement les mariages exogamiques (...). Quant au régime qui prévaut depuis la chute de Ceausescu, il donne une ampleur renouvelée, par la loi de privatisation, aux dispositions réglant les dotations d'établissement et rouvre largement le champ à des enjeux pour les arrangements matrimoniaux.