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L'EUROPE
COMME CULTURE
  LA COUTUME, LE CÉRÉMONIAL ET LE RITE :
(to english text click here)   Noces bulgares

 

Comme en Roumanie, le cérémonial des noces renferme, en Bulgarie, un véritable rituel. Il est d'une richesse symbolique insoupçonnée de la plupart de ses acteurs, mais bien maîtrisée par ses officiants et bien dégagée par les érudits bulgares.
INTRODUCTION
REGARD ETRANGER, REGARD INTERIEUR
TECHNIQUES, SAVOIRS EMPIRIQUES
TERRITOIRE ET SENS DU LIEU
PARENTE ET ORGANISATION SOCIALE
COUTUME, CEREMONIAL ET RITE
1 Une société en représentation
2 Noces roumaines
3

Noces bulgares

4

Rites funéraires
CONTE, LEGENDE, ART DE NARRER
EPOPEE, PROFONDEURS DE L'HISTOIRE
CE QU'ON NOMME VAMPIRE
IMAGINER ET PENSER L'AU-DELA
Le marié et la mariée devant la dot, Bansko, Bulgarie, 1989.
 
Voici que le 22 octobre 1989, en plein régime communiste jivkovien, un groupe de jeunes gens sort d'une habitation à Bansko dans le Pirine. Il se forme dans la rue et se met en cortège. Quatre musiciens les précèdent : l'un joue de la clarinette, un autre du tambour, le troisième de l'accordéon, le quatrième s'apprête à chanter en s'accompagnant d'un instrument à cordes pincées, une serviette brodée jetée sur l'épaule gauche, à destination manifestement rituelle. Tous sont vêtus à l'occidentale (...), tout indique, pour qui possède les codes de la culture locale, que le cortège en question est un cortège de noces (...). Rien que de très ordinaire en ces lieux : il y a plusieurs mariages le dimanche, en cette période de l'année (...). Rien d'archaïque non plus, apparemment, pour un observateur étranger qui viendrait à la recherche de survivances supposées ou de traces du paganisme antique, ou prétendu tel. Et pourtant cette alliance entre lignages locaux, célébrée par des noces, va mobiliser, par son cérémonial, des richesses sémantiques et des ressources cognitives insoupçonnées de ses acteurs mêmes (...). Il suffit, pour s'en convaincre, de suivre le déroulement de la cérémonie elle-même. Non, certes, comme une observation qui prétendrait saisir la réalité effective, en l'objectivant. Mais comme une série d'évènements auxquels les sujets agissants ont longuement pensé à l'avance, sur lesquels ils se sont interrogés dans l'hésitation ou dans la conviction, en vue de se conformer à la norme ou de s'en écarter, dans l'intention aussi d'exploiter les ressources que leur offre la coutume ou dans l'intention d'innover. La performance effective est ainsi à prendre, dès la description, comme le produit des transactions passées au préalable entre les acteurs, tant diffèrent les perspectives selon lesquelles chacun se prépare à tenir son rôle. Car les questions qu'ils se posent sont, plus ou moins explicitées, les questions mêmes que se posent les autorités locales en charge des rites : l'église, le métropolite et les prêtres; la municipalité, le maire et les officiants de l'état-civil; le maître de chant, de musique et de danse, avec ses musiciens. Pour tous, pour ces agents et ces officiants de l'activité rituelle, l'interrogation procède d'une question unique, fondamentale : Comment allons-nous traiter, pour la performance particulière en préparation, le scénario issu de la tradition locale? Et puisque des marges de liberté nous sont offertes dans la limite des contraintes imposées par la coutume et par le régime, qu'allons-nous faire de cette liberté? Et pour signifier quoi?  page suivante
    J.C.: Le Feu Vivant, la parenté et ses rituels dans les Carpates, Paris, PUF, 1994, p. 239-241
   
 
 
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