L'échelle des vertus et des vices, où le chemin de l'âme dans son ascension vers l'autre monde. Monastère de Sucevitsa, Roumanie.

Le célèbre Traité de Jan Climaque (v579-649) montre comment l'on peut atteindre la perfection religieuse, par degrés, jusqu'à parvenir à la plénitude de la foi, de l'espérance et de la charité (...). L'austère traité du moine sinaïte et ses abstractions ont été illustrés dès le XIème siècle par des miniatures montrant les Vertus au combat avec les Vices, et se disputant des moines en train de gravir les degrés de la perfection (...). Quand le thème passe du manuscrit enluminé à la peinture murale (...), les anges et les démons prennent une importance visuelle grandissante (...). Et comme le lieu propre de ces créatures est l'autre monde, celles-ci finissent par suggérer que la scène se situe dans ce monde d'en haut. Les degrés sur l'échelle des vertus et des vices prennent alors le sens d'étapes sur le chemin de l'âme dans l'au-delà. Conçue comme une allégorie de la vie d'ici-bas et de ses combats, l'échelle et ses barreaux en viennent à figurer les épreuves par lesquelles passe l'âme dans l'autre monde. Si elle est forte et soutenue par les anges, celle-ci accède à la porte du ciel d'où une main tendue sort pour l'accueillir. Si elle est faible et attirée par les démons, elle se précipite dans les affres et dans les gouffres de l'enfer. Nulle part comme à Sucevita l'armée des anges et ses divisions ordonnées (...) ne donnent au spectateur une visison plus grandiose du voyage conduisant l'âme jusqu'à son lieu final dans l'au-delà.