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L'église
de Bansko (Bulgarie), sa tour et son mur d'enceinte fortifié
et creusé de meurtrières. |
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Un mur d'enceinte
massif, de trois mètres de haut, bâti de pierres enchâssées
de place en place dans une structure de bois de platane(...). Deux entrées
barrées de lourdes portes de chêne, défendues par des
meurtrières disposées de part et d'autre afin de prendre la
rue en enfilade et de croiser les tirs. A l'intérieur, une haute
tour carrée, percée aussi de meurtrières, située
de telle manière que de son haut on voit la plaine de la Mesta s'étendre
jusque dans les lointains, d'une part, les jardins et les vergers monter
doucement jusqu'à la forêt et la montagne, d'autre part ;
placée de telle sorte que l'on domine le réseau des rues avoisinantes
et les habitations qui les bordent ; et d'où l'on peut défendre
de ses meurtrières les abords des deux portes de l'enceinte. Au centre,
un vaste et haut édifice de pierre, l'église, bordée
au couchant et au midi par une galerie de bois. Voilà un complexe
architectural unique dans cette partie des Balkans, dont chacune des parties
constitutives et chacune des éléments sont signifiants et
dont la plupart des sens qu'y ont déposé les destinateurs
d'origine sont aisément déchiffrables par les destinataires
d'aujourd'hui au moyen des codes culturels les plus courants (...). Pour
qu'un tel complexe de bâtiments ait pu être édifié
en pleine période ottomane, il aura fallu de bien puissantes raisons.
Beaucoup, en Bulgarie, s'en émerveillent encore. Le régime
turc, en effet, interdisait la construction d'édifices à usage
cultuel dont la hauteur dépasserait celle des habitations courantes.
Il prohibait catégoriquement l'érection de tours à
usage de clochers, réservant aux minarets des mosquées le
privilège de s'élever haut vers le ciel et de signaler ainsi
l'établissement de musulmans.  |