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Tombe
d'un défunt récemment enterré. A la tête,
un sapin paré de couronnes.
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N. p. fossoyeur
à Dobritsa, Olténie, Roumanie, m'informe, en 1974, sur la
manière de s'y prendre pour lutter contre un mort menaçant
qui 'revient' :"On exhume le corps du mort, on lui perce le cur
d'un grand clou, et on lui coupe avec des ciseaux la peau entre le pouce
et l'index. Voici ce qui est arrivé à Ion huit jours après
son enterrement. On a pris un cheval-étalon. On a essayé
de le faire sauter par-dessus la tombe (une séquence des usages
mortuaires dans la chambre du défunt consiste à enjamber
le mort étendu sur son lit). L'étalon n'a pas voulu :
c'était donc que le mort était un moroi, un fantôme-revenant.
On a alors ouvert le tombeau. Il faut être un peu ivre pour faire
cela la nuit. Le mort dans son tombeau avait la face tout rouge. Il avait
été rasé, mais la barbe lui avait poussé.
Le fossoyeur d'alors l'a pris sur son dos, l'a emmené au loin,
lui a extrait le cur. C'est ce fameux mort dont le cur sautait
dans la casserole. Avec le cur il a fait des fumigations autour
des enfants, pour les désensorceler (...)". Une même
logique anime (...) les fragments de discours que les experts du lieu
veulent bien tenir (sur les moroi) : se prémunir contre
le retour de méchants à qui l'on impute la responsabilité
des maux indéfinis qui accablent une communauté entière.

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