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Herméneutique
: l'ethnologue travaille à valider une interprétation
auprès de deux informatrices. Bansko, Bulgarie.
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Une chose est
de chercher à comprendre les uvres et les activités
en y appliquant les outils intellectuels disponibles, tels que les sciences
sociales les ont fabriqués pour le service de leurs disciplines propres,
autre chose, de travailler à comprendre ces mêmes uvres
et ces mêmes activités dans leur rapport vivant avec l'interprète.
Dans le premier cas, l'interprétation est offerte à la discussion
selon les règles de l'argumentation. Il peut être décidé
si une proposition est vraie ou fausse, dans la mesure où elle est
en toute rigueur validée par les données ou non. Un rituel
comme celui des noces, une technique comme l'allumage du premier feu à
l'alpage, un système de transmission des biens par héritage
sont correctement interprétés quand la logique théorique
proposée et son langage rendent compte de la totalité des
données recueillies, jusqu'aux plus petites et aux plus minces. La
vérité ainsi obtenue par validation est une haute vérité.
Mais celle-ci reste limitée par la perspective selon laquelle elle
est établie. A cet ouvrage d'interprétation, je me suis livré
ailleurs, je l'ai dit, selon les lignes de pensée qu'on nomme couramment
l'anthropologie structurale et la sémiotique. Dans le second cas,
conduire une interprétation consiste à décrire les
uvres et les activités telles qu'elles apparaissent au regard
de la personne particulière qui entreprend de les déchiffrer
en situation. Une proposition d'interprétation est alors à
prendre dans ses rapports avec la position de l'interprétant. Et
l'interprétation d'ensemble est à référer à
la succession de ces positions, autrement dit, à l'histoire même
de l'investigation sur le terrain. C'est ce que j'ai fait ici, selon la
ligne de conduite de ce que l'on pourrait nommer une anthropologie réflexive
et une herméneutique.  |