|
|
|
|
Le
panache de fumée craché par le Stromboli, signe utilisé
par le marin des Eoliennes pour pronostiquer le temps à venir.
|
|
La plupart
des vieux pêcheurs regardent, avant de partir en mer, quelle est l'activité
du volcan : intensité des lueurs, couleur et direction des fumées, force
et fréquence des explosions. Des proverbes explicitent cette pratique. Tel
celui-ci : "Strummuli non fa marinaru", pour signifier
qu'une activité brutale du volcan annonce un mauvais temps prochain. Ou
cet autre, quand on observe que le Stromboli envoie des tappi di fuoco
(émissions de matière pierreuse accompagnées de flammes et d'explosions)
: "Quando Stromboli fa fanali o è sciroccu o è mastraeli",
(quand le Stromboli luit comme un fanal, alors arrivera sirocco ou mistral).
Les voyageurs des siècles précédents avaient déjà remarqué cette curieuse
propension des marins-pêcheurs des îles à lier volcanisme et météorologie
(...). Les pratiques de pronostication du temps par l'activité des volcans
éoliens remontent, en vérité, à une haute antiquité. Pline, Strabon, Diodore
de Sicile en font déjà abondamment état. Tous se réfèrent, directement ou
indirectement, au texte de l'Odyssée présentant Eole, sur son île
de bronze, comme régisseur des vents. L'association, dans la conscience
des usagers de la mer, entre l'activité volcanique et l'activité atmosphérique,
loin d'être une grossière superstition, serait-elle donc à prendre comme
l'écho affaibli des connaissances accumulées par les savants de l'antiquité
grecque et romaine? Ces propos et ces dictons que notre mission vient de
recueillir auprès de modestes pêcheurs, ne nous faut-il pas les considérer
comme la version ultime, mais bien organisée encore, des vers chantés par
les aèdes grecs à la lyre?
|