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Le
catamaran de l'expédition, assez rapide pour tailler de la
route à voile, assez large pour un équipage de dix
personnes et du matériel.
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La reconstitution
d'un navire de guerre de l'époque mycénienne ou de l'époque
homérique est historiquement imaginable. Une réplique d'un
petit navire de commerce datant du IVème siècle av. J.C.,
le Kyrénia, a été effectivement réalisée
d'après le résultat des fouilles menées sur son épave.
Et le navigateur Tim Severin a réalisé une réplique
imaginative du navire de Jason, l'Argo. Mais les navires de guerre
de l'époque mycénienne ou de l'époque homérique
sont très différents : plus longs, plus légers, ils
sont conçus pour voguer rapidement à la rame, et pour attaquer.
Ils ne manuvrent à la voile que pour les longues traversées.
L'utilisation d'une réplique d'un pareil navire pour suivre l'itinéraire
d'Ulysse est à exclure pour des raisons nautiques très simples,
indépendamment même de toute question de coût :
il y faudrait cinquante rameurs, et le périple demanderait plusieurs
années, tant les navires de ce genre sont exposés aux changements
de vents. On ne pourrait y vivre à bord pendant une durée
aussi longue. Et on ne pourrait y localiser les instruments scientifiques
appropriés pour une étude des vents, des courants et des
profondeurs marines.
Le choix s'impose donc d'un navire moderne, équipé pour navigation par
GPS (point par satellite et ordinateur), capable de capter les informations
météorologiques et disposant d'un appareillage adapté pour faire des mesures
de courant et des sondages sur les fonds, assez contenant, enfin, pour
y accueillir une équipe de télévision et ses appareils, et éventuellement
des plongeurs.
Il faut en outre que ce navire soit:
-un voilier, comme l'étaient les croiseurs de la flotte d'Ulysse, ce qui
permet aussi d'approcher les animaux marins sans les effrayer.
-à faible tirant d'eau, pour pouvoir approcher des plages et ne pas trop
risquer l'échouage dans les parages difficiles de Pylos, de Troie, et
des Syrtes, au large de la Libye; mais suffisamment robuste pour résister
à un échouage toujours à redouter.
-muni d'un moteur auxiliaire pour suppléer à une "vogue" de cinquante
rameurs, assez puissant pour parer à toute éventualité dans les conditions
de mer qu'il devra affronter, temptes ou grands calmes, et pour produire
l'électricité nécessaire à bord.
-pourvu d'une ou deux embarcations annexes, assez puissantes pour pouvoir
débarquer en toutes circonstances et faire les opérations nécessaires
de mesure des courants et des fonds à proximité immédiate des plages.
-d'une longueur de flottaison appropriée pour affronter les vents parfois
très violents de la Méditerranée (atteignant couramment la force 8 degrés
Beaufort, et parfois la force 11 degrés Beaufort)
Des navires de ce type existent. Ils sont de genres différents :
-Dériveurs, gréés en cotre : de treize à quatorze mères de long, à dérive
ou quille relevable, et faible tirant d'eau. (...). L'un d'eux est en
expédition en Antarctique.
-Ketch ou cotre de quatorze à seize mêtres, à quille modérément profonde,
réservoir d'eau douce et réservoir de gazole de grande capacité. Plusieurs
sont en train de faire le tour du monde.
-Catamarans de grande croisière, à faible tirant d'eau, grande stabilité
aux allures portantes, grande habitabilité pour y installer un équipage,
une équipe scientifique et ses appareils.
C'est un voilier de ce dernier genre que j'ai choisi pour l'expédition.
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